

Mercredi 5 novembre
Aujourd'hui, mercredi, j'avais une boule au ventre sur le chemin qui me menait au lycée. Comme tout les mercredis, on a cours de sport, et qui dit cours de sport dit Dake. J'allais devoir passer plus de deux heures en sa présence, est-ce qu'il allait tenter quelque chose une fois encore ? Est-ce que j'allais me retrouver seule encore sans Rosalya ? La veille, elle n'était pas venue non plus, je n'avais reçu aucun message de sa part et j'avais une fois de plus passé ma journée seule.
Je franchissais le portail de l'établissement, les mains moites empoignant mon sac. J'entamais le chemin vers la salle de sport quand une voix pleine d'entrain cria mon prénom. Un sourire se dessinait sur mon visage. Elle était de retour. Je n'avais pas eu le temps de faire volte-face qu'un poids s'écrasait sur mes épaules alors qu'un parfum sucré venait chatouiller mes narines.
-Tu vas mieux ? Lui demandais-je.
-Comme jamais ! S'écria-t-elle.
J'étais soulagée de l'avoir à nouveau à mes côtés. On pénétrait dans la salle avant de pousser la porte des vestiaires. Kim, Iris et Violette s'y trouvaient déjà, je prenais place sur le banc au fond de la pièce alors que Rosalya saluait ses amies. Ces deux dernières lui avaient répondu froidement, laissant Rosalya dubitative alors qu'elle s'installait à mes côtés. Je m'attachais les cheveux en une haute queue de cheval avant d'enfiler ma tenue et de sortir en compagnie de mon amie. Dans la salle de sport, seulement quelques élèves étaient déjà prêts.
-Eh les filles ! Lança une voix masculine.
On se retournait pour tomber face à face avec Armin et Alexy.
-Ça vous dit ce midi on mange tous ensemble à l'extérieur ? S'exclama le brun.
-Ouais super ! Il y aura qui ? Lui répondit Rosalya pleine d'enthousiasme.
-Nous deux, Kim et peut-être Lysandre et Castiel.
-Ça te dit Lolita ?
-Oui, pourquoi pas. Fis-je accompagnée d'un timide sourire.
-Génial, on se rejoint devant le portail à la fin des cours ! Ajoutait Alexy avant de partir avec son frère.
Quelques minutes plus tard, le reste de la classe arrivait, suivi de Boris et Dake.
-Bonjour à tous ! Aujourd'hui, gymnastique ! Lança Boris, plus heureux que jamais.
Plusieurs soupirs de mécontentement se faisaient entendre dans la salle. Je devais être l'une des seules satisfaites de ce choix, ça faisait tellement longtemps que je n'avais pas fait de gymnastique, c'était pourtant l'une de mes passions.
-Tapis, tremplins, poutres, barres asymétriques et parallèles, je veux tout en place ! C'est parti ! S'écria-t-il en frappant dans ses mains.
Mes camarades se dirigeaient sans aucune motivation vers les outils avant de les mettre en place dans la salle. Je m'emparais d'un tremplin à bout de bras, celui-ci me cachant la vue, je m'apprêtais à le poser sur un tapis lorsqu'il percutait quelque chose, s'en était suivi d'un cri de douleur féminin. Je lâchais ce dernier avant de faire face à Ambre, une main posée sur son crâne, l'air furax.
-Non mais tu pouvais pas faire attention ! Avoues, tu l'as fait exprès sale garce ! S'écria-t-elle hystérique.
Je la regardais, paniquée, alors qu'elle me bousculait violemment.
-J'ai pas fait exprès ! Je t'ai pas vu ! Me défendis-je.
-Et tu crois vraiment que j'vais avaler ça ? Lança-t-elle l'air menacant.
-Eh ! On se calme ici ! Intervenait alors Boris.
-Mais vous avez vu ce qu'elle a fait ? S'indigna cette dernière.
-C'était un accident Ambre. Ajouta-t-il en tentant d'apaiser les tentions.
-Tu perds rien pour attendre. Souffla-t-elle en passant à côté de moi.
-Bon, votre attention s'il vous plaît ! S'exclama le prof. Je vais composer des groupes de cinq, vous passerez tous aux différents ateliers.
Il composait les groupes un par un qui se dirigeaient vers leurs ateliers attitrés, puis vint mon tour.
-Lolita, Armin, Kentin, Li et Ambre, vous allez à la poutre.
Ambre me défiait du regard alors qu'on se dirigeait vers la poutre. Je l'ignorais, ne voulant pas m'attirer plus d'ennuis. Armin s'emparait de la feuille sur la poutre avant de la lire.
-On doit sauter sur le tremplin pour atterrir debout sur la poutre et ensuite enchaîner la figure de notre choix dessus. Mais c'est hardcore ! S'écria-t-il.
-Qui se lance ? Demanda Kentin.
-Toi ! Lança le brun. J'irais après. Ensuite, Ambre, Lolita et Li. Ça vous va ?
On acquiesçait tous avant de se mettre en file. Kentin prenait alors un élan avant de s'élancer sur le tremplin et d'atterrir de justesse sur la poutre. Il enchaînait maladroitement sur une roue avant de revenir sur la terre ferme.
-Peut faire mieux ! Le taquinait Armin.
-Vas-y montre-moi l'étendue de tes talents. Rétorquait ce dernier sur un air de défi.
Armin répétait alors les gestes de Kentin avec plus d'agilité, il revenait vers nous, un sourire victorieux aux lèvres.
Ambre prenait place, un air hautain plaqué au visage. La blonde s'élançait sur la poutre, l'équilibre lui manquant, elle se mit à faire un petit saut. À peine avait-elle posé les pieds au sol que je sautais sur le tremplin pour atterrir gracieusement les deux pieds sur la poutre. Heureuse de voir que je n'avais rien perdu de mes intenses entraînements de gymnastique, je m'apprêtais à faire l'équilibre quand Ambre, qui passait à côté de moi, me donnait un violent coup de coude sur la cheville.
-Oups. Lança-t-elle, faussement désolée.
Perdant l'équilibre, je voyais le sol se rapprocher peu à peu de moi, le poids de mon corps s'écrasant sur le fin tapis résonnait dans la salle, une douleur me transperçait alors le bras, la hanche ainsi que la tête. Armin et Kentin accouraient vers moi alors que je me relevais tout en grimaçant.
-Lolita ça va ? S'écria Armin, bouffé par l'inquiétude.
Je posais ma main sur mon crâne endolori avant de lui répondre que tout allait bien.
-Ben alors, on tient plus debout ? Fit Ambre, un sourire en coin.
Je me tournais vers cette dernière. J'en avais assez. Depuis mon arrivée elle s'en prenait à moi sans raison, ça ne pouvait plus continuer. Qu'est-ce que je lui avais fait ? Qu'est-ce que je lui avais fait pour mériter un tel acharnement ? Dans son regard, je revoyais toutes les personnes de mon ancien lycée s'en prendre à moi par pur plaisir. Une bouffée de chaleur me montait au cerveau, une vague de haine envahissait mon être. Je voyais rouge, je ne répondais alors plus de mes actes. Fronçant les sourcils, je lui empoignais violemment le col avant de la pousser contre la poutre.
-Mais qu'est-ce que je t'ai fait ? M'écriai-je tout en la secouant.
Tout le monde semblaient choqués, même Ambre, mais je n'y faisais pas attention, aveuglée par la haine.
-Hein ? Pourquoi tu t'acharnes sur moi ? Criai-je alors que des larmes de rage coulaient sur mes joues.
Elle m'empoignait le col à son tour, me repoussant avec un air menaçant.
-T'es qu'une tarée ma pauvre fille ! Lança-t-elle.
Je sentais alors deux bras m'encercler et me retirer de l'emprise d'Ambre, stoppant ainsi ma main qui allait s'écraser sur son visage.
-Allez, calme-toi Lolita. Me souffla Armin.
Mes muscles se relâchaient peu à peu, je regardais autour de moi, ils étaient tous pour la plupart bouche-bée. Je tentais de ravaler mes sanglots. Mais qu'est-ce que j'avais fait ?
-Qu'est-ce qui se passe encore ici ? S'écria Boris, en colère.
-C'est Lolita qui s'est jetée sur moi ! Répliqua la blonde.
-Je t'ai vu Ambre, tu l'as poussée alors qu'elle était sur la poutre ! S'interposa Armin.
-Elle m'a cherchée !
-Je n'ai rien fait de mal ! Lançais-je, outrée par les paroles d'Ambre.
-C'est la deuxième fois aujourd'hui ! Castiel, conduis les chez la directrice !
Castiel soupirait avant de se diriger vers la sortie, Ambre sur ses pas qui ne manquait pas de me lancer un regard assassin en passant. Je les suivais, tête baissée.
Arrivés dans le couloir, la blonde qui n'avait pas parlée, s'adressait alors à moi.
-Tu vas voir quand mes parents vont apprendre ça. Me menaça-t-elle.
-Tu es la seule fautive. Soufflais-je.
-Fallait pas me chercher, t'es qu'une folle, ouais une grosse folle. Ça m'étonne pas que ton père n'ait plus voulu de toi !
Je me stoppais, mes membres se crispèrent. Comment... comment elle savait ça ? Ils s'arrêtaient à leurs tours en se tournant vers moi.
-Je sais tout. Dit-elle en ricanant.
Je relevais mes yeux vers elle, une lueur de panique dans ceux-ci tandis que Castiel fronçait les sourcils. Mes yeux me piquaient, je sentais les larmes monter. "Je sais tout.", cette phrase se répétait dans ma tête alors que mon coeur s'emballait. Comment elle savait ? Comment ? Je m'approchais d'elle avant de la plaquer contre un casier.
-Tu mens ! Tu mens ! Criai-je.
Elle m'attrapait par le col tout en rigolant. C'est alors que Castiel s'interposait en m'éloignant d'Ambre.
-Eh ! Vous vous battrez plus tard ok ? Railla-t-il.
Il attrapait le poignet de cette dernière avant de planter son regard glacial dans le sien.
-Quant à toi, le fait que tu sois une fille m'empêchera pas de t'en coller une la prochaine fois. Souffla-t-il avant de partir. Bougez-vous !
Aujourd'hui, mercredi, j'avais une boule au ventre sur le chemin qui me menait au lycée. Comme tout les mercredis, on a cours de sport, et qui dit cours de sport dit Dake. J'allais devoir passer plus de deux heures en sa présence, est-ce qu'il allait tenter quelque chose une fois encore ? Est-ce que j'allais me retrouver seule encore sans Rosalya ? La veille, elle n'était pas venue non plus, je n'avais reçu aucun message de sa part et j'avais une fois de plus passé ma journée seule.
Je franchissais le portail de l'établissement, les mains moites empoignant mon sac. J'entamais le chemin vers la salle de sport quand une voix pleine d'entrain cria mon prénom. Un sourire se dessinait sur mon visage. Elle était de retour. Je n'avais pas eu le temps de faire volte-face qu'un poids s'écrasait sur mes épaules alors qu'un parfum sucré venait chatouiller mes narines.
-Tu vas mieux ? Lui demandais-je.
-Comme jamais ! S'écria-t-elle.
J'étais soulagée de l'avoir à nouveau à mes côtés. On pénétrait dans la salle avant de pousser la porte des vestiaires. Kim, Iris et Violette s'y trouvaient déjà, je prenais place sur le banc au fond de la pièce alors que Rosalya saluait ses amies. Ces deux dernières lui avaient répondu froidement, laissant Rosalya dubitative alors qu'elle s'installait à mes côtés. Je m'attachais les cheveux en une haute queue de cheval avant d'enfiler ma tenue et de sortir en compagnie de mon amie. Dans la salle de sport, seulement quelques élèves étaient déjà prêts.
-Eh les filles ! Lança une voix masculine.
On se retournait pour tomber face à face avec Armin et Alexy.
-Ça vous dit ce midi on mange tous ensemble à l'extérieur ? S'exclama le brun.
-Ouais super ! Il y aura qui ? Lui répondit Rosalya pleine d'enthousiasme.
-Nous deux, Kim et peut-être Lysandre et Castiel.
-Ça te dit Lolita ?
-Oui, pourquoi pas. Fis-je accompagnée d'un timide sourire.
-Génial, on se rejoint devant le portail à la fin des cours ! Ajoutait Alexy avant de partir avec son frère.
Quelques minutes plus tard, le reste de la classe arrivait, suivi de Boris et Dake.
-Bonjour à tous ! Aujourd'hui, gymnastique ! Lança Boris, plus heureux que jamais.
Plusieurs soupirs de mécontentement se faisaient entendre dans la salle. Je devais être l'une des seules satisfaites de ce choix, ça faisait tellement longtemps que je n'avais pas fait de gymnastique, c'était pourtant l'une de mes passions.
-Tapis, tremplins, poutres, barres asymétriques et parallèles, je veux tout en place ! C'est parti ! S'écria-t-il en frappant dans ses mains.
Mes camarades se dirigeaient sans aucune motivation vers les outils avant de les mettre en place dans la salle. Je m'emparais d'un tremplin à bout de bras, celui-ci me cachant la vue, je m'apprêtais à le poser sur un tapis lorsqu'il percutait quelque chose, s'en était suivi d'un cri de douleur féminin. Je lâchais ce dernier avant de faire face à Ambre, une main posée sur son crâne, l'air furax.
-Non mais tu pouvais pas faire attention ! Avoues, tu l'as fait exprès sale garce ! S'écria-t-elle hystérique.
Je la regardais, paniquée, alors qu'elle me bousculait violemment.
-J'ai pas fait exprès ! Je t'ai pas vu ! Me défendis-je.
-Et tu crois vraiment que j'vais avaler ça ? Lança-t-elle l'air menacant.
-Eh ! On se calme ici ! Intervenait alors Boris.
-Mais vous avez vu ce qu'elle a fait ? S'indigna cette dernière.
-C'était un accident Ambre. Ajouta-t-il en tentant d'apaiser les tentions.
-Tu perds rien pour attendre. Souffla-t-elle en passant à côté de moi.
-Bon, votre attention s'il vous plaît ! S'exclama le prof. Je vais composer des groupes de cinq, vous passerez tous aux différents ateliers.
Il composait les groupes un par un qui se dirigeaient vers leurs ateliers attitrés, puis vint mon tour.
-Lolita, Armin, Kentin, Li et Ambre, vous allez à la poutre.
Ambre me défiait du regard alors qu'on se dirigeait vers la poutre. Je l'ignorais, ne voulant pas m'attirer plus d'ennuis. Armin s'emparait de la feuille sur la poutre avant de la lire.
-On doit sauter sur le tremplin pour atterrir debout sur la poutre et ensuite enchaîner la figure de notre choix dessus. Mais c'est hardcore ! S'écria-t-il.
-Qui se lance ? Demanda Kentin.
-Toi ! Lança le brun. J'irais après. Ensuite, Ambre, Lolita et Li. Ça vous va ?
On acquiesçait tous avant de se mettre en file. Kentin prenait alors un élan avant de s'élancer sur le tremplin et d'atterrir de justesse sur la poutre. Il enchaînait maladroitement sur une roue avant de revenir sur la terre ferme.
-Peut faire mieux ! Le taquinait Armin.
-Vas-y montre-moi l'étendue de tes talents. Rétorquait ce dernier sur un air de défi.
Armin répétait alors les gestes de Kentin avec plus d'agilité, il revenait vers nous, un sourire victorieux aux lèvres.
Ambre prenait place, un air hautain plaqué au visage. La blonde s'élançait sur la poutre, l'équilibre lui manquant, elle se mit à faire un petit saut. À peine avait-elle posé les pieds au sol que je sautais sur le tremplin pour atterrir gracieusement les deux pieds sur la poutre. Heureuse de voir que je n'avais rien perdu de mes intenses entraînements de gymnastique, je m'apprêtais à faire l'équilibre quand Ambre, qui passait à côté de moi, me donnait un violent coup de coude sur la cheville.
-Oups. Lança-t-elle, faussement désolée.
Perdant l'équilibre, je voyais le sol se rapprocher peu à peu de moi, le poids de mon corps s'écrasant sur le fin tapis résonnait dans la salle, une douleur me transperçait alors le bras, la hanche ainsi que la tête. Armin et Kentin accouraient vers moi alors que je me relevais tout en grimaçant.
-Lolita ça va ? S'écria Armin, bouffé par l'inquiétude.
Je posais ma main sur mon crâne endolori avant de lui répondre que tout allait bien.
-Ben alors, on tient plus debout ? Fit Ambre, un sourire en coin.
Je me tournais vers cette dernière. J'en avais assez. Depuis mon arrivée elle s'en prenait à moi sans raison, ça ne pouvait plus continuer. Qu'est-ce que je lui avais fait ? Qu'est-ce que je lui avais fait pour mériter un tel acharnement ? Dans son regard, je revoyais toutes les personnes de mon ancien lycée s'en prendre à moi par pur plaisir. Une bouffée de chaleur me montait au cerveau, une vague de haine envahissait mon être. Je voyais rouge, je ne répondais alors plus de mes actes. Fronçant les sourcils, je lui empoignais violemment le col avant de la pousser contre la poutre.
-Mais qu'est-ce que je t'ai fait ? M'écriai-je tout en la secouant.
Tout le monde semblaient choqués, même Ambre, mais je n'y faisais pas attention, aveuglée par la haine.
-Hein ? Pourquoi tu t'acharnes sur moi ? Criai-je alors que des larmes de rage coulaient sur mes joues.
Elle m'empoignait le col à son tour, me repoussant avec un air menaçant.
-T'es qu'une tarée ma pauvre fille ! Lança-t-elle.
Je sentais alors deux bras m'encercler et me retirer de l'emprise d'Ambre, stoppant ainsi ma main qui allait s'écraser sur son visage.
-Allez, calme-toi Lolita. Me souffla Armin.
Mes muscles se relâchaient peu à peu, je regardais autour de moi, ils étaient tous pour la plupart bouche-bée. Je tentais de ravaler mes sanglots. Mais qu'est-ce que j'avais fait ?
-Qu'est-ce qui se passe encore ici ? S'écria Boris, en colère.
-C'est Lolita qui s'est jetée sur moi ! Répliqua la blonde.
-Je t'ai vu Ambre, tu l'as poussée alors qu'elle était sur la poutre ! S'interposa Armin.
-Elle m'a cherchée !
-Je n'ai rien fait de mal ! Lançais-je, outrée par les paroles d'Ambre.
-C'est la deuxième fois aujourd'hui ! Castiel, conduis les chez la directrice !
Castiel soupirait avant de se diriger vers la sortie, Ambre sur ses pas qui ne manquait pas de me lancer un regard assassin en passant. Je les suivais, tête baissée.
Arrivés dans le couloir, la blonde qui n'avait pas parlée, s'adressait alors à moi.
-Tu vas voir quand mes parents vont apprendre ça. Me menaça-t-elle.
-Tu es la seule fautive. Soufflais-je.
-Fallait pas me chercher, t'es qu'une folle, ouais une grosse folle. Ça m'étonne pas que ton père n'ait plus voulu de toi !
Je me stoppais, mes membres se crispèrent. Comment... comment elle savait ça ? Ils s'arrêtaient à leurs tours en se tournant vers moi.
-Je sais tout. Dit-elle en ricanant.
Je relevais mes yeux vers elle, une lueur de panique dans ceux-ci tandis que Castiel fronçait les sourcils. Mes yeux me piquaient, je sentais les larmes monter. "Je sais tout.", cette phrase se répétait dans ma tête alors que mon coeur s'emballait. Comment elle savait ? Comment ? Je m'approchais d'elle avant de la plaquer contre un casier.
-Tu mens ! Tu mens ! Criai-je.
Elle m'attrapait par le col tout en rigolant. C'est alors que Castiel s'interposait en m'éloignant d'Ambre.
-Eh ! Vous vous battrez plus tard ok ? Railla-t-il.
Il attrapait le poignet de cette dernière avant de planter son regard glacial dans le sien.
-Quant à toi, le fait que tu sois une fille m'empêchera pas de t'en coller une la prochaine fois. Souffla-t-il avant de partir. Bougez-vous !

Une heure de colle et un mot à faire signer par Morgan, voilà ce qu'était ressorti de cet "entretien" avec la directrice, il en était de même pour Ambre. Rosalya me répétait sans cesse que c'était injuste, que c'était entièrement la faute d'Ambre, mais je ne l'écoutais plus. Ce qui envahissait mes pensées à l'instant présent étaient les propos de la blonde, comme quoi elle savait tout. Je ne comprenais toujours pas comment, et surtout ce qu'elle savait exactement. Comment avait-elle su pour mon père ? Ce matin, j'étais entrée dans l'établissement avec la boule au ventre, ce midi, j'en ressortais avec la même en deux fois pire. Devant le portail, on retrouvait moi et mon amie, les jumeaux accompagnés de Kim, une grande métisse au style garçon manqué qui traînait souvent avec eux.
-On attend Lysandre et Castiel, ils vont pas tarder. Fit Alexy en regardant sa montre.
-Ça va mieux Lolita ? Me questionna Armin.
-Hein ? Oui oui ! Le rassurais-je.
-Elle mériterait une bonne leçon cette gamine pourrie gâtée ! Lança la métisse.
-Elle a toujours été comme ça de toute façon, mais c'est pas une raison pour s'en prendre à Lolita ! Ajouta Rosalya.
Je m'apprêtais à répondre quand la voix de Lysandre surgit derrière moi.
-Désolé pour l'attente. Dit-il.
-On se bouge ? J'ai la dalle ! S'exclama Castiel à ses côtés.
-Où va-t-on ? Demanda le Victorien.
-Pizza ! S'écria Alexy, un poing en l'air.
On se mit en route après avoir décidé de la pizzeria, sur le chemin, Armin avait marché à mes côtés tout en me parlant de jeux vidéo. Je feignais l'écouter, mais mes pensées étaient portées sur Ambre.
Quelques minutes après, arrivés dans le lieu choisi, je prenais place à côté de Rosalya, face à Lysandre et Castiel avant de prendre commande et d'entamer notre repas.
-Alors Lolita comment tu trouves le lycée ? Me questionna Kim.
-Ça va, c'est pas mal.
-Tu étais où avant ?
-Dans le lycée de l'autre côté de la ville.
-Et tu vis chez tes parents ? Enchaîna Armin.
Je marquais une pause, fixant mon assiette.
-Oui ! Lançai-je en souriant.
Je sentais alors le regard pesant de Castiel sur moi. Il devait surement se douter que quelque chose clochait chez moi. Je m'emparais de mon verre d'eau avant de le porter à ma bouche, trouvant bizarre que rien ne coule dans ma gorge, je plantais mon regard dans le fond de mon verre et à ma grande surprise, l'eau qui s'y trouvait auparavant s'était figée en un glaçon. Je fronçais les sourcils, essayant de trouver une explication.
-Eh Lolita ! S'exclama Rosalya.
Une sensation de froid sur ma poitrine me ramenait à la réalité, j'échappais un sursaut avant de tourner ma tête vers elle alors qu'elle s'empressait de prendre une serviette.
-Comment tu t'es débrouillée pour te renverser de l'eau comme ça ? Fit-elle en essuyant le liquide tombé sur mon haut.
-Hein ? Mais...
Je reportais mon attention sur mon verre, effarée, celui-ci contenait de l'eau dont la moitié avait été renversée sur moi. Je le reposais brusquement, ne comprenant rien à ce qu'il venait de se passer.
-Tu es maladroite ! Rit Alexy.
-Tiens, prends la mienne. Fit Lysandre en me tendant sa serviette.
-Merci. Je... Je vais aller aux toilettes.
Je me relevais avant de me précipiter aux toilettes où je m'appuyais contre un lavabo.
Je soufflais un bon coup avant de me passer de l'eau sur le visage. Qu'est-ce qui clochait chez moi ? Pourquoi ça m'arrivait à moi ?
-Qu'est-ce qui se passe ?
Je tournais la tête, Rosalya se tenait à mes côtés, une mine inquiète sur le visage.
-C'est rien, un petit coup de fatigue.
-T'es sûr ? Tu sais, tu peux tout me dire, même si ça concerne ta maladie.
Je la regardais pendant quelques secondes où le silence régnait. Après tout, elle ne m'avait jamais jugée après avoir découvert mon problème, elle ne m'avait jamais non plus trahi, je pouvais lui faire confiance.
-J'ai eu une sorte d'hallucination. Fis-je d'une petite voix.
-C'est-à-dire ?
-Je m'apprêtais à boire de l'eau, mais en regardant le fond de mon verre, il n'y avait qu'un gros glaçon dedans. Je comprends rien !
-Vraiment ? Lança-t-elle, intriguée. Je t'ai bien vu prendre ton verre, mais au moment où tu as ouvert la bouche, on aurait dit que t'avais vu une bête dedans ou je ne sais quoi et l'eau s'est renversée sur toi.
Je soupirais tout en me frottant le visage. Toutes ces hallucinations, ça me fatiguait.
-Qu'est-ce que disent les médecins ?
-Les médecins ne peuvent rien faire à part me gaver de médicaments. Lui répondis-je d'un ton las.
-Cet après-midi, j'irais à la bibliothèque faire des recherches, tu viens ?
-Ça sert à rien...
-J'insiste ! Sourit-elle.
Ça me faisait vraiment chaud au c½ur qu'elle tente de faire quelque chose dans le but de m'aider. A part Morgan, je n'avais jamais connu d'autre personne me venir en aide de leur plein gré. Ça me redonnait un peu d'espoir et de volonté. Après hésitation et face à son air déterminé, j'acceptais tout en la remerciant.
-On ferait mieux d'y aller, ils vont se demander ce qu'on fait. Ajouta-t-elle.
On sortait des toilettes avant de retourner à notre table où on prenait place.
-Vous faites quoi tous cet aprèm' ? Demanda Kim.
-Moi j'ai des choses à faire avec Lolita. Répondit Rosalya.
-Glander à la maison. Fit le brun.
-Non tu viens faire les magasins avec moi ! D'ailleurs tu viens aussi Kim ! S'écria son frère tel un enfant.
-Je t'ai déjà accompagné la semaine dernière ! S'indigna Armin.
-Moi, ça me va. Dit la métisse.
-Voilà, vas-y avec Kim !
-Tu vas finir plein de boutons si tu continues à t'enfermer dans le noir à jouer à tes jeux vidéo ! S'exclama Alexy.
-N'importe quoi !
-Alors que si tu venais avec nous, tu prendrais l'air !
-Dans tes rêves !
Je souriais face à la situation, malgré leurs chamailleries, ça se voyait qu'ils s'aimaient plus que tout. J'aurais tellement voulu avoir une s½ur ou un frère, rien que pour ressentir cette complicité.
-J'irais pas, point barre ! T'y vas avec Kim et tu rentres pas trop tard ! Râla Armin.
-Un papa poule et son fils, j'en aurais presque larme à l'½il. Se moquait alors Castiel.
-Tu peux pas comprendre ! Rit Armin en ébouriffant les cheveux rouges de ce dernier.
-Eh ! Bas les pattes ! Railla-t-il en repoussant la main du jumeau.
J'étouffais alors un rire, attirant l'attention de tous le groupe.
-Oh, toi aussi tu veux que je t'ébouriffe les cheveux ? Me dit Armin d'une voix niaise comme si j'étais un bambin.
S'en était suivi des rires de toute la table, je les accompagnais, les joues rougie par l'embarras.
-Bon, on y va ? Lança Alexy.
-C'est parti ! S'exclama son frère.
On se levait tous de table avant de partir payer et sortir de la pizzeria. Chacun de nous se saluait, puis je partais avec Rosalya en direction de la bibliothèque. J'avais apprécié ce repas avec eux malgré le petit incident. Ils étaient tous vraiment gentils et comme me l'avait dit Morgan, ça me faisait du bien de m'ouvrir aux autres. Une petite part de moi se sentait revivre et me mettait du baume au c½ur.
Arrivées dans la bibliothèque, Rosalya se dirigeait dans la section "psychologie", je la suivais et ce que je voyais me rappelait une certaine journée de shopping en sa compagnie. Elle s'emparait de plusieurs bouquins à une vitesse folle, comme si elle avait peur qu'on les lui vole.
-Aller viens ! Je vais les enregistrer et après on ira se poser dans le parc pour les lire !Lança-t-elle en m'attrapant par le bras.
Je la suivais sans trop comprendre ce qu'il se passait. Cette fille, quoi qu'elle fasse, elle saura toujours m'étonner.
En sortant de la bibliothèque, on se dirigeait dans le petit parc à côté avant de s'installer sur un banc. C'était un bel endroit paisible, des arbres encerclaient ce grand espace vert et fleuri où se tenait une imposante fontaine. Plusieurs enfants jouaient autour et quelques personnes se prélassaient dans l'herbe fraîche. Aujourd'hui, le soleil était au rendez-vous malgré un petit vent frais. C'était agréable.
-Alors, qu'est-ce que nous avons là ? Fit-elle en passant en revue tout ses livres. "Génétique de la schizophrénie" ? "Les troubles schizophréniques" ? "Vivre avec la schizophrénie" ?
J'en prenais alors un au hasard dans le tas. "Rétabli, pas guérit". Je le feuilletai sans trop m'y intéresser, je savais que je n'allais pas trouver de réponses là-dedans. À quoi bon ? Comme disait le titre du livre, on ne guérit pas de la schizophrénie avec un simple traitement, une opération ou autre, non, mais on peut s'en sortir, grâce à nous-même et seulement nous. Notre volonté et une estime de soi sont nos seules chances d'y arriver.
La volonté, cette chose que j'avais perdue depuis longtemps malgré l'acharnement de Morgan, et pourtant, que je regagnais peu à peu depuis que cette personne était là. Je posais mon regard sur Rosalya, qui était plongée dans son livre. Elle levait ses yeux vers moi, un sourire chaleureux illuminait alors son visage. Oui... depuis qu'elle était là.
-Dis-moi Lolita, je peux te poser des questions assez... indiscrètes ? Fit-elle, hésitante.
-Je t'écoute.
-Comment tu as eu cette maladie ? Je veux dire, comme ça t'es arrivée ?
-Je l'ai héritée de ma mère. Soufflai-je en baissant la tête.
-Oh... je vois. Et vous vivez ensemble ? Et ton père ?
-Mon père est en maison de repos à cause de moi, ma mère est... ma mère est décédée.Répondis-je, la gorge nouée en retenant mes larmes.
Elle semblait choquée d'entendre de tels propos, mes doigts se crispèrent sur ma robe, je ne devais pas pleurer.
-Je suis désolée, j'aurais pas dû être si curieuse. Dit-elle, prise de remords.
-Non, tu as le droit de savoir. Tu as le droit, alors, demande-moi ce que tu veux, mais promets-moi de tout garder pour toi.
-Tu peux me faire confiance. Lança-t-elle en posant sa main sur mon dos. Seulement, je ne veux pas te faire rappeler de mauvais souvenirs ou autre.
-J'y pense chaque seconde, alors, t'en fais pas pour moi. Ajoutais-je, un triste sourire sur le visage. Vas-y.
-Qui... qui s'occupe de toi ?
-J'ai un tuteur depuis mes quatorze ans, il s'appelle Morgan.
-Tu ne voulais pas vraiment que les autres le sachent quand tu as dit que tu vivais chez tes parents ce midi, pas vrai ?
-En effet, je sais qu'ils m'auraient posé des questions.
-Et... pourquoi ton père est en maison de repos à cause de toi ?
-Quand il a rencontré ma mère, elle n'avait pas encore cette maladie, ensuite, je suis née, tout allait bien et quand j'avais trois ans, elle a fait une fausse-couche, c'est là que tout a commencé, les délires, les hallucinations, il a vécu ce début de maladie avec elle, il a vu le commencement de tous ses symptômes, c'était très dur pour lui, il ne savait pas quoi faire. Les années passaient et elle devenait de plus en plus... folle. Moi, je ne comprenais rien à tout ça, on refusait de m'en parler parce que j'étais trop jeune, alors quand ma mère me disait "Tu entends ce bébé ? Tu entends ce bébé pleurer ?" alors qu'il n'y avait aucun bruit, j'avais peur, peur de ma propre mère. Toutes les nuits elle hurlait, elle passait ses journées assise dans la cuisine à se parler à elle-même. Je n'avais plus que mon père pour s'occuper de moi, et lui, il devait en plus s'occuper de ma mère. Et c'est quand j'ai eu quatorze ans qu'elle... qu'elle est décédée. Elle était à bout et...et...
Je sentais les larmes glisser le long de mes joues, ma gorge me serrait, c'est la première fois que je racontais tout ça à quelqu'un. Je sentais alors deux bras m'enlacer, puis la douce voix de mon amie me dire de ne pas continuer, qu'elle comprenait. Mais je reprenais mon récit d'une voix tremblante.
-Quand ma mère est partie, je ne reconnaissais plus mon père, il était vide, sans émotions, il ne s'occupait plus de moi. Et un jour, il a appris que je risquais de développer les mêmes symptômes que ma mère, mais ça, on me l'avait jamais dit. Il a alors été placé en maison de repos, je me suis sentie abandonnée par mes deux parents, je ne vivais plus. Et c'est là que Morgan est arrivé, petit à petit il me redonnait le sourire, mais trois mois après, c'est là que j'ai tout découvert, le début de ma schizophrénie, la maladie de ma mère et pourquoi mon père était parti...
Plus je parlais et plus je sentais son étreinte se resserrer, je tremblais, mes larmes ne cessaient de couler. Ça faisait mal, tellement mal de repenser à tout ça, mais en même temps tellement de bien, de pouvoir tout déballer, sortir tout ce que j'avais sur le c½ur depuis des années, libérer ce poids qui me pesait sur les épaules.
-J'en peux plus... Articulais-je entre deux sanglots.
-Je suis là maintenant, je te lâcherais pas. On est tous là. Murmura-t-elle à mon oreille.
Elle me prenait alors le visage entre ses mains, essuyant mes larmes d'un revers de pouce tout en me gratifiant d'un tendre sourire. Jamais je n'aurais pu imaginer rencontrer une personne comme elle, jamais je n'aurais cru pouvoir m'y attacher aussi vite. C'était mon unique amie désormais.
-Je suis désolée de t'avoir fait dire tout ça.
-Non, ça m'a fait du bien. Fis-je en ravalant mes sanglots.
-On va se promener ? Sourit-elle.
J'acquiesçai d'un mouvement de tête avant qu'elle ne range ses bouquins et qu'on entame notre marche dans ce grand parc.
-Et sinon... il n'y a pas autre chose que tu aurais oublié de me dire ? Me demanda-t-elle, un air malicieux au visage.
-De quoi ?
-Madame sèche les cours en compagnie de Castiel ? Ajouta-t-elle d'un sourire narquois.
-Qui t'as dit ça ? M'écriai-je, surprise.
-Alexy a le nez partout ! Rit-elle. Alors c'est notre rebelle national qui te plaît... je vois, je vois. Me taquina-t-elle.
-Mais non ! J'ai jamais dit ça ! Me défendis-je.
-Ce n'est pas quelque chose de mal, seulement, tu n'as pas choisi le plus facile ! Rit-elle à nouveau.
-Je n'ai choisi personne !
-Toutes les filles craquent pour lui, tu vas pas me dire que tu n'y as pas succombée !
-Il est mignon, comme les autres garçons mais c'est tout, je ne le connais pas, il est très distant et impulsif.
-Il se cache derrière une carapace, il n'a pas toujours été comme ça.
-C'est-à-dire ?
-Ca fait deux ans que je le connais, avant qu'il n'adopte ce sale caractère de cochon, c'était quelqu'un de très ouvert et avec qui on pouvait parler facilement. Il a eu une histoire avec une fille nommée Debrah, il était fou amoureux et faisait tout pour elle. Malheureusement, c'était une fille du même genre qu'Ambre, en deux fois pire, tu vois le truc ? Elle s'amusait en cachette avec Dake pendant que ce dernier faisait passer Castiel pour le salaud de l'histoire, mais lui, il en savait rien. Un jour, il les a surpris en train de... tu vois. Elle est partie du lycée en balançant plein de vacheries au visage de Castiel et depuis il s'est renfermé sur lui-même, s'est teint les cheveux en rouge en se donnant ce style de bad boy alors qu'au fond, c'est un mec tendre qui n'attend qu'à se faire câliner. Mais pour en arriver à ce stade, bonne chance !
Je n'en croyais pas mes oreilles. Alors Castiel avait ce caractère juste à cause d'une fille ? Et c'est pour ça qu'il détestait autant Dake ?
Rosalya sortait alors de son sac un petit carnet avant de me le tendre.
-Tiens, regarde.
Je m'emparais de ce dernier avant de l'ouvrir, c'était un album photo. On pouvait y voir Rosalya, tout sourire aux côtés des jumeaux, Alexy n'avait pas ses lentilles roses, ce qui laissait découvrir de beaux yeux bleus, renforçant la frappante ressemblance avec son frère. Sur la suivante, elle était à la plage avec Leigh et Lysandre, ce dernier n'avait pas changé, seulement des cheveux plus court. Je souriais devant cette joie qui émanait de leurs visages. Je tournais alors la page pour regarder la suivante, elle se tenait debout, le bras autour de l'épaule d'un garçon qui me semblait être Castiel. Il était brun avec un style beaucoup moins tape-à-l'oeil, un sourire chaleureux illuminait son visage. Je n'arrivais pas à détacher mes yeux de cette photo, ça me faisait bizarre de le voir comme ça, il paraissait tellement différent.
-Ça change hein ? Lança-t-elle.
-Je ne m'y attendais pas. Fis-je en lui redonnant l'album.
-Ouais, moi non plus ! Rit-elle.
On continuait notre ballade jusqu'au coucher du soleil, puis nos chemins se sont séparés sur la route regagnant nos maisons.
A suivre...
-On attend Lysandre et Castiel, ils vont pas tarder. Fit Alexy en regardant sa montre.
-Ça va mieux Lolita ? Me questionna Armin.
-Hein ? Oui oui ! Le rassurais-je.
-Elle mériterait une bonne leçon cette gamine pourrie gâtée ! Lança la métisse.
-Elle a toujours été comme ça de toute façon, mais c'est pas une raison pour s'en prendre à Lolita ! Ajouta Rosalya.
Je m'apprêtais à répondre quand la voix de Lysandre surgit derrière moi.
-Désolé pour l'attente. Dit-il.
-On se bouge ? J'ai la dalle ! S'exclama Castiel à ses côtés.
-Où va-t-on ? Demanda le Victorien.
-Pizza ! S'écria Alexy, un poing en l'air.
On se mit en route après avoir décidé de la pizzeria, sur le chemin, Armin avait marché à mes côtés tout en me parlant de jeux vidéo. Je feignais l'écouter, mais mes pensées étaient portées sur Ambre.
Quelques minutes après, arrivés dans le lieu choisi, je prenais place à côté de Rosalya, face à Lysandre et Castiel avant de prendre commande et d'entamer notre repas.
-Alors Lolita comment tu trouves le lycée ? Me questionna Kim.
-Ça va, c'est pas mal.
-Tu étais où avant ?
-Dans le lycée de l'autre côté de la ville.
-Et tu vis chez tes parents ? Enchaîna Armin.
Je marquais une pause, fixant mon assiette.
-Oui ! Lançai-je en souriant.
Je sentais alors le regard pesant de Castiel sur moi. Il devait surement se douter que quelque chose clochait chez moi. Je m'emparais de mon verre d'eau avant de le porter à ma bouche, trouvant bizarre que rien ne coule dans ma gorge, je plantais mon regard dans le fond de mon verre et à ma grande surprise, l'eau qui s'y trouvait auparavant s'était figée en un glaçon. Je fronçais les sourcils, essayant de trouver une explication.
-Eh Lolita ! S'exclama Rosalya.
Une sensation de froid sur ma poitrine me ramenait à la réalité, j'échappais un sursaut avant de tourner ma tête vers elle alors qu'elle s'empressait de prendre une serviette.
-Comment tu t'es débrouillée pour te renverser de l'eau comme ça ? Fit-elle en essuyant le liquide tombé sur mon haut.
-Hein ? Mais...
Je reportais mon attention sur mon verre, effarée, celui-ci contenait de l'eau dont la moitié avait été renversée sur moi. Je le reposais brusquement, ne comprenant rien à ce qu'il venait de se passer.
-Tu es maladroite ! Rit Alexy.
-Tiens, prends la mienne. Fit Lysandre en me tendant sa serviette.
-Merci. Je... Je vais aller aux toilettes.
Je me relevais avant de me précipiter aux toilettes où je m'appuyais contre un lavabo.
Je soufflais un bon coup avant de me passer de l'eau sur le visage. Qu'est-ce qui clochait chez moi ? Pourquoi ça m'arrivait à moi ?
-Qu'est-ce qui se passe ?
Je tournais la tête, Rosalya se tenait à mes côtés, une mine inquiète sur le visage.
-C'est rien, un petit coup de fatigue.
-T'es sûr ? Tu sais, tu peux tout me dire, même si ça concerne ta maladie.
Je la regardais pendant quelques secondes où le silence régnait. Après tout, elle ne m'avait jamais jugée après avoir découvert mon problème, elle ne m'avait jamais non plus trahi, je pouvais lui faire confiance.
-J'ai eu une sorte d'hallucination. Fis-je d'une petite voix.
-C'est-à-dire ?
-Je m'apprêtais à boire de l'eau, mais en regardant le fond de mon verre, il n'y avait qu'un gros glaçon dedans. Je comprends rien !
-Vraiment ? Lança-t-elle, intriguée. Je t'ai bien vu prendre ton verre, mais au moment où tu as ouvert la bouche, on aurait dit que t'avais vu une bête dedans ou je ne sais quoi et l'eau s'est renversée sur toi.
Je soupirais tout en me frottant le visage. Toutes ces hallucinations, ça me fatiguait.
-Qu'est-ce que disent les médecins ?
-Les médecins ne peuvent rien faire à part me gaver de médicaments. Lui répondis-je d'un ton las.
-Cet après-midi, j'irais à la bibliothèque faire des recherches, tu viens ?
-Ça sert à rien...
-J'insiste ! Sourit-elle.
Ça me faisait vraiment chaud au c½ur qu'elle tente de faire quelque chose dans le but de m'aider. A part Morgan, je n'avais jamais connu d'autre personne me venir en aide de leur plein gré. Ça me redonnait un peu d'espoir et de volonté. Après hésitation et face à son air déterminé, j'acceptais tout en la remerciant.
-On ferait mieux d'y aller, ils vont se demander ce qu'on fait. Ajouta-t-elle.
On sortait des toilettes avant de retourner à notre table où on prenait place.
-Vous faites quoi tous cet aprèm' ? Demanda Kim.
-Moi j'ai des choses à faire avec Lolita. Répondit Rosalya.
-Glander à la maison. Fit le brun.
-Non tu viens faire les magasins avec moi ! D'ailleurs tu viens aussi Kim ! S'écria son frère tel un enfant.
-Je t'ai déjà accompagné la semaine dernière ! S'indigna Armin.
-Moi, ça me va. Dit la métisse.
-Voilà, vas-y avec Kim !
-Tu vas finir plein de boutons si tu continues à t'enfermer dans le noir à jouer à tes jeux vidéo ! S'exclama Alexy.
-N'importe quoi !
-Alors que si tu venais avec nous, tu prendrais l'air !
-Dans tes rêves !
Je souriais face à la situation, malgré leurs chamailleries, ça se voyait qu'ils s'aimaient plus que tout. J'aurais tellement voulu avoir une s½ur ou un frère, rien que pour ressentir cette complicité.
-J'irais pas, point barre ! T'y vas avec Kim et tu rentres pas trop tard ! Râla Armin.
-Un papa poule et son fils, j'en aurais presque larme à l'½il. Se moquait alors Castiel.
-Tu peux pas comprendre ! Rit Armin en ébouriffant les cheveux rouges de ce dernier.
-Eh ! Bas les pattes ! Railla-t-il en repoussant la main du jumeau.
J'étouffais alors un rire, attirant l'attention de tous le groupe.
-Oh, toi aussi tu veux que je t'ébouriffe les cheveux ? Me dit Armin d'une voix niaise comme si j'étais un bambin.
S'en était suivi des rires de toute la table, je les accompagnais, les joues rougie par l'embarras.
-Bon, on y va ? Lança Alexy.
-C'est parti ! S'exclama son frère.
On se levait tous de table avant de partir payer et sortir de la pizzeria. Chacun de nous se saluait, puis je partais avec Rosalya en direction de la bibliothèque. J'avais apprécié ce repas avec eux malgré le petit incident. Ils étaient tous vraiment gentils et comme me l'avait dit Morgan, ça me faisait du bien de m'ouvrir aux autres. Une petite part de moi se sentait revivre et me mettait du baume au c½ur.
Arrivées dans la bibliothèque, Rosalya se dirigeait dans la section "psychologie", je la suivais et ce que je voyais me rappelait une certaine journée de shopping en sa compagnie. Elle s'emparait de plusieurs bouquins à une vitesse folle, comme si elle avait peur qu'on les lui vole.
-Aller viens ! Je vais les enregistrer et après on ira se poser dans le parc pour les lire !Lança-t-elle en m'attrapant par le bras.
Je la suivais sans trop comprendre ce qu'il se passait. Cette fille, quoi qu'elle fasse, elle saura toujours m'étonner.
En sortant de la bibliothèque, on se dirigeait dans le petit parc à côté avant de s'installer sur un banc. C'était un bel endroit paisible, des arbres encerclaient ce grand espace vert et fleuri où se tenait une imposante fontaine. Plusieurs enfants jouaient autour et quelques personnes se prélassaient dans l'herbe fraîche. Aujourd'hui, le soleil était au rendez-vous malgré un petit vent frais. C'était agréable.
-Alors, qu'est-ce que nous avons là ? Fit-elle en passant en revue tout ses livres. "Génétique de la schizophrénie" ? "Les troubles schizophréniques" ? "Vivre avec la schizophrénie" ?
J'en prenais alors un au hasard dans le tas. "Rétabli, pas guérit". Je le feuilletai sans trop m'y intéresser, je savais que je n'allais pas trouver de réponses là-dedans. À quoi bon ? Comme disait le titre du livre, on ne guérit pas de la schizophrénie avec un simple traitement, une opération ou autre, non, mais on peut s'en sortir, grâce à nous-même et seulement nous. Notre volonté et une estime de soi sont nos seules chances d'y arriver.
La volonté, cette chose que j'avais perdue depuis longtemps malgré l'acharnement de Morgan, et pourtant, que je regagnais peu à peu depuis que cette personne était là. Je posais mon regard sur Rosalya, qui était plongée dans son livre. Elle levait ses yeux vers moi, un sourire chaleureux illuminait alors son visage. Oui... depuis qu'elle était là.
-Dis-moi Lolita, je peux te poser des questions assez... indiscrètes ? Fit-elle, hésitante.
-Je t'écoute.
-Comment tu as eu cette maladie ? Je veux dire, comme ça t'es arrivée ?
-Je l'ai héritée de ma mère. Soufflai-je en baissant la tête.
-Oh... je vois. Et vous vivez ensemble ? Et ton père ?
-Mon père est en maison de repos à cause de moi, ma mère est... ma mère est décédée.Répondis-je, la gorge nouée en retenant mes larmes.
Elle semblait choquée d'entendre de tels propos, mes doigts se crispèrent sur ma robe, je ne devais pas pleurer.
-Je suis désolée, j'aurais pas dû être si curieuse. Dit-elle, prise de remords.
-Non, tu as le droit de savoir. Tu as le droit, alors, demande-moi ce que tu veux, mais promets-moi de tout garder pour toi.
-Tu peux me faire confiance. Lança-t-elle en posant sa main sur mon dos. Seulement, je ne veux pas te faire rappeler de mauvais souvenirs ou autre.
-J'y pense chaque seconde, alors, t'en fais pas pour moi. Ajoutais-je, un triste sourire sur le visage. Vas-y.
-Qui... qui s'occupe de toi ?
-J'ai un tuteur depuis mes quatorze ans, il s'appelle Morgan.
-Tu ne voulais pas vraiment que les autres le sachent quand tu as dit que tu vivais chez tes parents ce midi, pas vrai ?
-En effet, je sais qu'ils m'auraient posé des questions.
-Et... pourquoi ton père est en maison de repos à cause de toi ?
-Quand il a rencontré ma mère, elle n'avait pas encore cette maladie, ensuite, je suis née, tout allait bien et quand j'avais trois ans, elle a fait une fausse-couche, c'est là que tout a commencé, les délires, les hallucinations, il a vécu ce début de maladie avec elle, il a vu le commencement de tous ses symptômes, c'était très dur pour lui, il ne savait pas quoi faire. Les années passaient et elle devenait de plus en plus... folle. Moi, je ne comprenais rien à tout ça, on refusait de m'en parler parce que j'étais trop jeune, alors quand ma mère me disait "Tu entends ce bébé ? Tu entends ce bébé pleurer ?" alors qu'il n'y avait aucun bruit, j'avais peur, peur de ma propre mère. Toutes les nuits elle hurlait, elle passait ses journées assise dans la cuisine à se parler à elle-même. Je n'avais plus que mon père pour s'occuper de moi, et lui, il devait en plus s'occuper de ma mère. Et c'est quand j'ai eu quatorze ans qu'elle... qu'elle est décédée. Elle était à bout et...et...
Je sentais les larmes glisser le long de mes joues, ma gorge me serrait, c'est la première fois que je racontais tout ça à quelqu'un. Je sentais alors deux bras m'enlacer, puis la douce voix de mon amie me dire de ne pas continuer, qu'elle comprenait. Mais je reprenais mon récit d'une voix tremblante.
-Quand ma mère est partie, je ne reconnaissais plus mon père, il était vide, sans émotions, il ne s'occupait plus de moi. Et un jour, il a appris que je risquais de développer les mêmes symptômes que ma mère, mais ça, on me l'avait jamais dit. Il a alors été placé en maison de repos, je me suis sentie abandonnée par mes deux parents, je ne vivais plus. Et c'est là que Morgan est arrivé, petit à petit il me redonnait le sourire, mais trois mois après, c'est là que j'ai tout découvert, le début de ma schizophrénie, la maladie de ma mère et pourquoi mon père était parti...
Plus je parlais et plus je sentais son étreinte se resserrer, je tremblais, mes larmes ne cessaient de couler. Ça faisait mal, tellement mal de repenser à tout ça, mais en même temps tellement de bien, de pouvoir tout déballer, sortir tout ce que j'avais sur le c½ur depuis des années, libérer ce poids qui me pesait sur les épaules.
-J'en peux plus... Articulais-je entre deux sanglots.
-Je suis là maintenant, je te lâcherais pas. On est tous là. Murmura-t-elle à mon oreille.
Elle me prenait alors le visage entre ses mains, essuyant mes larmes d'un revers de pouce tout en me gratifiant d'un tendre sourire. Jamais je n'aurais pu imaginer rencontrer une personne comme elle, jamais je n'aurais cru pouvoir m'y attacher aussi vite. C'était mon unique amie désormais.
-Je suis désolée de t'avoir fait dire tout ça.
-Non, ça m'a fait du bien. Fis-je en ravalant mes sanglots.
-On va se promener ? Sourit-elle.
J'acquiesçai d'un mouvement de tête avant qu'elle ne range ses bouquins et qu'on entame notre marche dans ce grand parc.
-Et sinon... il n'y a pas autre chose que tu aurais oublié de me dire ? Me demanda-t-elle, un air malicieux au visage.
-De quoi ?
-Madame sèche les cours en compagnie de Castiel ? Ajouta-t-elle d'un sourire narquois.
-Qui t'as dit ça ? M'écriai-je, surprise.
-Alexy a le nez partout ! Rit-elle. Alors c'est notre rebelle national qui te plaît... je vois, je vois. Me taquina-t-elle.
-Mais non ! J'ai jamais dit ça ! Me défendis-je.
-Ce n'est pas quelque chose de mal, seulement, tu n'as pas choisi le plus facile ! Rit-elle à nouveau.
-Je n'ai choisi personne !
-Toutes les filles craquent pour lui, tu vas pas me dire que tu n'y as pas succombée !
-Il est mignon, comme les autres garçons mais c'est tout, je ne le connais pas, il est très distant et impulsif.
-Il se cache derrière une carapace, il n'a pas toujours été comme ça.
-C'est-à-dire ?
-Ca fait deux ans que je le connais, avant qu'il n'adopte ce sale caractère de cochon, c'était quelqu'un de très ouvert et avec qui on pouvait parler facilement. Il a eu une histoire avec une fille nommée Debrah, il était fou amoureux et faisait tout pour elle. Malheureusement, c'était une fille du même genre qu'Ambre, en deux fois pire, tu vois le truc ? Elle s'amusait en cachette avec Dake pendant que ce dernier faisait passer Castiel pour le salaud de l'histoire, mais lui, il en savait rien. Un jour, il les a surpris en train de... tu vois. Elle est partie du lycée en balançant plein de vacheries au visage de Castiel et depuis il s'est renfermé sur lui-même, s'est teint les cheveux en rouge en se donnant ce style de bad boy alors qu'au fond, c'est un mec tendre qui n'attend qu'à se faire câliner. Mais pour en arriver à ce stade, bonne chance !
Je n'en croyais pas mes oreilles. Alors Castiel avait ce caractère juste à cause d'une fille ? Et c'est pour ça qu'il détestait autant Dake ?
Rosalya sortait alors de son sac un petit carnet avant de me le tendre.
-Tiens, regarde.
Je m'emparais de ce dernier avant de l'ouvrir, c'était un album photo. On pouvait y voir Rosalya, tout sourire aux côtés des jumeaux, Alexy n'avait pas ses lentilles roses, ce qui laissait découvrir de beaux yeux bleus, renforçant la frappante ressemblance avec son frère. Sur la suivante, elle était à la plage avec Leigh et Lysandre, ce dernier n'avait pas changé, seulement des cheveux plus court. Je souriais devant cette joie qui émanait de leurs visages. Je tournais alors la page pour regarder la suivante, elle se tenait debout, le bras autour de l'épaule d'un garçon qui me semblait être Castiel. Il était brun avec un style beaucoup moins tape-à-l'oeil, un sourire chaleureux illuminait son visage. Je n'arrivais pas à détacher mes yeux de cette photo, ça me faisait bizarre de le voir comme ça, il paraissait tellement différent.
-Ça change hein ? Lança-t-elle.
-Je ne m'y attendais pas. Fis-je en lui redonnant l'album.
-Ouais, moi non plus ! Rit-elle.
On continuait notre ballade jusqu'au coucher du soleil, puis nos chemins se sont séparés sur la route regagnant nos maisons.
A suivre...